mercredi 23 janvier 2013

L'argument des familles homoparentales

Il est possible d'instituer la famille homoparentale sans retirer aux enfants de ces familles le droit de connaître leur filiation. Explication au jeune Sacha, né récemment au sein d'une famille homoparentale.

Mon cher Sacha,

Ma filleule, mon neveu, ne comprennent pas pourquoi je me positionne contre le projet de loi dit « mariage pour tous ». Ils me demandent d’écouter les témoignages de deux enfants élevés, comme toi, dans des familles homoparentales: voici le premier, et le second. Ces témoignages sont fort intéressants. Et je reconnais volontiers que ces situations, même si elles ne sont pas majoritaires, sont suffisamment nombreuses pour qu’on leur donne un cadre juridique en continuité avec la famille classique.

Le point crucial est la confusion des mots qu’invoque l’actuel projet de loi. Nous avons déjà fait la bêtise, dans la genèse de la langue française, de confondre en un même mot l’homme (latin homo), représentant de l’espèce humaine, et l’homme, (latin vir, qui a donné viril), être humain de sexe masculin. N’en faisons pas autant avec le mariage.

Écoute bien ces témoignages. Tu observeras qu’au début, les deux jeunes parlent de « leurs deux mamans », mais plus tard ils font clairement la distinction entre leur mère biologique et la compagne de celle-ci. Pour la jeune femme, l’une s’appelle « maman », l’autre « mimi ». Comme toi tu distingueras ta mère Maud de Delphine. De même, ces deux enfants témoins savent qu’ils ont un père biologique. Ils ont même la chance de connaître ce père : ce ne sera probablement pas ton cas.

On voit bien que l’attente essentielle qu’expriment ces grands enfants est qu’il soit reconnu au compagnon ou à la compagne de leur parent biologique un droit spécifique d’éducateur : c’est parfaitement exact que Delphine, en tant que compagne officielle de Maud, doit être considérée par tout le monde comme responsable de toi. Et cette question est la même dans les familles hétéroparentales recomposées.

Mais pour atteindre cet effet, je trouve désastreux de changer le sens du mot mariage. Cela crée la confusion. En effet, dans un mariage, tout enfant né de la femme est réputé enfant biologique du mari. Ce n’est évidemment pas le cas entre conjoints de même sexe. Ou alors cela voudrait dire que l’on masquerait la filiation réelle aux enfants nés de couple homosexuels, ce qui pour moi est un honteux mensonge.

La solution à laquelle je suis favorable est l’institution de l'union civile. Elle est célébrée entre personnes majeures dans les mêmes conditions que le mariage actuel, et peut se rompre par divorce. Elle crée les mêmes droits et obligations entre les conjoints, et entre les conjoints et la société, que le mariage actuel ne le fait avec les époux. En particulier, il est reconnu au conjoint d’une personne une présomption d’autorité éducative sur les enfants de cette personne.

Entre personnes de sexes différents, l’union civile est un mariage, et seulement dans ce cas les enfants nés de l'épouse ont pour père biologique le mari. On remet un livret de famille aux mariés.

Cela va peut-être choquer mes amis anti mariage gay, mais je suis pour cesser d’interdire l’insémination artificielle. Je ne considère pas cela comme de la procréation médicalement assistée, dans la mesure où elle peut se faire sans assistance médicale. L’interdire me paraît aussi idiot que d’interdire de faire l’amour hors mariage.

Ce qui en tout cas me paraît essentiel, c’est que toutes les personnes aient accès à la réalité de leur filiation, comme toi, comme les personnes auditionnées. Préserver la vérité ne peut être que bénéfique.

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