lundi 21 mai 2012

Homophilie gouvernementale

Le 17 mai 2012 s'est réuni le premier conseil des ministres du gouvernement Ayrault I. Les membres du tout nouveau gouvernement ont signé une charte de déontologie qui, notamment, les oblige à n'avoir qu'un avis hors du conseil des ministres, celui qui aura été arbitré par le Premier ministre, chef du gouvernement.

Ce même jour est celui de la journée mondiale de lutte contre l'homophobie. En salle de presse du Premier ministre paraît un sobre communiqué de presse à cette occasion. Premier couac. En six lignes, le Premier ministre ouvre bien inutilement une boîte de Pandore. Au passage, il fait injure à la science. Mais il est vrai que les ingénieurs et scientifiques n'ont pas de place dans ce gouvernement.

Pourtant, cela commençait correctement:

A l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre l’homophobie, le Premier ministre a réaffirmé l’engagement du Gouvernement contre les violences et les discriminations commises à raison de l’orientation ou de l’identité de genre. Le Gouvernement est déterminé à faire reculer les préjugés et à mettre un terme aux discriminations et aux violences.

Bien entendu, il est louable de lutter contre toute violence et toute discrimination non justifiée. Le fait que mon collaborateur assouvisse son prurit érotique avec des hommes plutôt qu'avec des femmes n'influe en rien sur ces compétences professionnelles, sur son efficacité à son travail, sur ses capacités commerciales, dans la mesure où son orientation érotique n'est qu'un aspect de sa vie privée. Si par "identité de genre" il faut comprendre le fait qu'une personne se sente érotiquement attirée soit par le même sexe, soit par le sexe opposé, là encore, je ne perçois rien qui justifie un comportement agressif ou discriminatoire. Le gouvernement auquel je verse mon impôt doit lutter contre des préjugés facteurs de violence. On pouvait parfaitement s'en tenir là.

Patatras, il y a une phrase de trop:

[Le Gouvernement] mettra en oeuvre l’engagement du président de la République d’ouvrir le droit au mariage et à l’adoption aux couples homosexuels.

Voilà que d'un comportement relevant de la sphère privé, on parle d'un aspect formant la base du lien social. On le fait en dépit même de la charte que l'on vient de faire signer aux membres du gouvernement, où il est question de concertation et de transparence. A-t-on consulté les partenaires sociaux ? Est-on sûr de leur avis ? Les ministres seront-ils solidaires de cette affirmation ? Est-on sûr de ne pas provoquer une levée de bouclier bien inutile en ces temps de crise économique ?

Soyons clairs. Il n'y a pas de mariage homosexuel parce qu'il n'y a pas de procréation homosexuelle. Il s'agit là d'une donnée scientifique, non d'une opinion. Prétendre légiférer le mariage homosexuel est aussi imbécile que de vouloir interdire le chômage.

Ceci n'empêche pas de trouver une solution digne et pertinente pour les personnes de même sexe ayant formé une communauté de vie. Il s'agit d'une union civile stable, présentant de fortes caractéristiques de solidarité patrimoniale, matérielle et affective. Une personne ne peut être concurremment mariée et partenaire dans une telle union. Dans la mesure où la solidarité créée par cette union constitue un bénéfice, même léger, pour la communauté, le cadre peut être légiféré. A noter qu'une telle union pourrait concerner aussi des personnes de sexes opposés, plus de deux personnes, etc.

Pour que cette solution soit digne et pertinente, elle doit l'être aussi du point de vue des personnes mariées. C'est pourquoi une telle union ne peut s'appeler mariage. Depuis des temps immémoriaux, dans toutes les civilisations connues, le mariage désigne l'union d'un homme et d'une femme en vue de procréer. Ceci permet notamment aux enfants d'identifier leur père et leur mère. Car, là aussi, donnée scientifique autant que sociologique, tout être humain est issu d'un père et d'une mère, d'un gamète mâle et d'un femelle. En rendant possible une adoption à un prétendu couple homosexuel, on priverait d'avance une personne de cette caractéristique d'identité, ce qui paraît à beaucoup de citoyens aussi monstrueux que de priver quelqu'un d'un oeil ou d'une main.

Revenons à nos ministres fraîchement nommés. Si le communiqué de presse n'a pas été évoqué en conseil des ministres, ils peuvent s'en démarquer. Sinon, la charte les piège: ils sont désormais de l'opinion du chef de gouvernement.

En attendant, voilà ce que le 21 mai notre nouveau gouvernement nous a produit comme travail pour lutter contre la crise. Personnellement, je crains que l'on ne soit reparti pour un immobilisme digne des années Chirac.

J'espère me tromper, la situation est trop grave.

1 commentaire:

  1. Oui, mon cher Louis Aimé,
    Je partage tout a fait ton point de vue.
    Nous sommes dirigés par des incultes corporatistes et incompétents.
    Tu as bien raison de craindre le pire...

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