dimanche 18 décembre 2011

Les syndicats sont-ils utiles aux salariés ?

Le cafouillage du rapport Perruchot démontre que les élus n’osent pas dénoncer les perversités du système syndical, particulièrement nocives en cette période de crise.

Pour la première fois depuis plus de quarante ans, un rapport parlementaire ne sera pas publié. Par décision d’une commission de huit députés, Le rapport Perruchot sur les financements des syndicats de salariés et patronaux sera mis au pilon.

Dans notre monde numérique, ce rapport non publié reste néanmoins présent dans la noosphère : les médias en parlent, les sites le citent, les syndicats eux-mêmes s’y réfèrent. La volonté de taire accentue la rumeur. Et l’on s’aperçoit que les Français, qui ne cotisent pas aux syndicats, les financent par l’impôt. Voilà ces syndicats munis d’un moteur mais dépourvus de pilotes. Voilà donc des places prises nécessairement en fonction d’amitiés particulières plutôt que de l’intérêt général. Le rapport – pardon, le bruit autour du rapport – fustige les montants énormes manipulés.

Personnellement je voudrais pointer du doigt la nocivité de notre système syndical dans la lutte de la France pour tenir son rang dans la compétition économique mondiale.

Chacun sait la faiblesse de la France à développer et faire prospérer des entreprises de taille intermédiaires, ces fameuses ETI qui ont permis à l’Allemagne de rester plus compétitive, malgré l’absorption de l’ex-RDA, et malgré un profil démographique moins avantageux. Si nous créons proportionnellement autant d’entreprises que nos voisins, beaucoup moins arrivent à maturité. Christian Saint-Etienne nous dit qu’il nous manque 10 000 entreprises de 500 employés. Soit 5 millions de chômeurs.

Or il est une mesure qui ne coûte rien mais qui permettrait à nos entreprises de grandir : hausser à 100 employés le seuil au-dessus duquel le comité d’entreprise est obligatoire. Ce seuil est de 50 aujourd’hui. L’entrepreneur qui parvient à piloter seul son entreprise de 49 personnes ne croîtra pas pour éviter d’avoir à partager son pouvoir avec les syndicats. Supprimez ce seuil, et l’entreprise ne sera pas empêchée de croître. Entre 65 et 80 employés, l’entrepreneur ne pourra éviter de partager la direction de l’entreprise avec un directeur administratif et financier, un directeur de production ou un directeur des ressources humaines, première brique de son comité directeur. L’entreprise devra croître vers de nouveaux paliers pour absorber les salaires élevés de tels dirigeants. Et l’apparition d’un comité directeur à partir de 100 employés sera utile à l’entreprise comme aux salariés.

Cette mesure pouvait pourtant passer. En 2009, la commission des affaires sociales de l’assemblée nationale l’avait préparée. Mais, profitant une dernière fois d’une possibilité de l'ancien règlement intérieur de l’assemblée, le gouvernement a retiré ce point de l’ordre du jour. Les syndicats, inquiets des postes de délégués qu’ils allaient perdre et de la décroissance de leur pouvoir (de nuire), ont convaincu le gouvernement de ne pas laisser passer cette réforme. Ce n’est pas grave, travailleurs et classes laborieuses, vous payez sur votre salaire les chômeurs que crée cette situation. Et par ailleurs vous payez plus cher les produits des entreprises françaises qui doivent bien couvrir via leur prix de vente leur supplément de participation à l’assurance chômage. Sans parler du déficit de compétitivité qui fait que ces produits sont moins vendus à l'étranger.

Nous constatons, les bras ballants, la faible représentativité des syndicats (moins de 5% de cotisants) dont pourtant les cotisations sont fiscalement déductibles, et dont les finances sont perfusées de subventions publiques. À côté de cela, je constate que les associations d’écoles d’ingénieurs collectent les cotisations auprès de 20% à 50% de leurs anciens, sans déduction fiscale ni déduction publique. De ces mêmes associations, Pôle Emploi recommande aux cadres chômeurs d’utiliser les services ! Voilà le bénévole recommandé par l’agent de l’Etat !

L’erreur fondamentale est la structure même des syndicats de salariés. Le simple fait d’embrasser un métier devrait vous faire membre du syndicat professionnel correspondant, comme vous êtes membre du syndicat de copropriétaire par votre titre de propriété. C’est le cas notamment dans les pays scandinaves. Mais en France, l’adhésion à un syndicat est d’abord le choix d’une idéologie politique !

Ayons le courage de former des syndicats réellement représentatifs, il y a de meilleures chances que l’intérêt collectif soit mieux défendu: chaque salarié fait automatiquement parti du syndicat correspondant à son métier, et ces syndicats adhèrent à des fédérations ou des confédérations pour partager leurs moyens d'action. Y a-t-il un programme politique qui le prévoie ?

Initialement publié le 18/12/2011 dans un autre blog, sous le titre: Le rapport parlementaire Perruchot dans la noosphère.

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