Le conseil économique, social et environnemental sollicite l'avis des internautes sur le passeport vaccinal. Je pense que ce n'est pas ainsi que l'on reviendra à une situation de vie normale.
Comme je l'ai déjà indiqué notamment sur ce blog, cette mesure exclut a priori les personnes immunisées, Elle exclut également les personnes qui ne craignent pas une contamination, Elle méconnaît le principe d'égalité.
Chaque citoyen peut intervenir jusqu'au 7 mars à propos de cette mesure sur le site du Conseil Economique, Social et Environnemental (CESE).
Voici mon intervention.
Quelques constats
- L'immunité à la Covid-19 ne
s'acquiert pas uniquement par vaccination. Les personnes ayant subi un
épisode infectieux modéré produisent des anticorps qui les protègent au
moins aussi bien que tout vaccin, et probablement mieux: d'une manière
plus profonde, et aussi plus efficace contre les nouveaux variants pour
les patients qui les ont subis.
- Cette immunité protège mieux
que les vaccins. On parle d'un taux de protection de 95% pour les vaccins.
Mais le nombre de morts après une deuxième infection serait de quelques
dizaines dans le monde, pour 2,4 millions de décès attribués à la
Covid-19.
- Ouvrir des droits particuliers
aux personnes vaccinées, excluant les personnes naturellement immunisées,
méconnaîtrait donc le principe d'égalité à situation comparable. Un simple
recours auprès des juridictions administratives permettrait à des
personnes naturellement immunisées d'obtenir les mêmes droits que les
personnes vaccinées.
- L'immunité vaccinale ou
naturelle ne garantit pas l'innocuité. Une personne immunisée même par
vaccin peut être réinfectée, presque toujours de manière peu
symptomatique, et peut être contaminante pendant quelques heures voire
quelques jours (cette question est aujourd'hui mal connue) sans s'en
rendre compte. La probabilité de contamination, et la durée pendant
laquelle la contamination est possible, sont certainement plus faibles qu'avec une primo-infection. Mais une personne fragile peut ainsi être
infectée, au péril de sa vie.
Analyse
- Le risque à circonscrire n'est
pas en premier lieu la contamination. Des dizaines de milliers de
personnes sont contaminées chaque année par la grippe, plusieurs centaines
en meurent, sans que cela ne soit reproché au gouvernement. Aujourd'hui,
contrairement à d'autres pays, l'Europe n'engage pas une stratégie
"zéro Covid", mais cherche à protéger les plus fragiles et à ne
pas engorger le système de soins.
- Le point clé est de protéger
les personnes fragiles, susceptibles de ne pas recouvrer d'un épisode
infectieux ou d'en garder des séquelles irréversibles.
- On notera que les personnes
fragiles sont caractérisées par une capacité plus faible de leur système
immunitaire à réagir de manière adéquate à l'infection, notamment à la
primo-infection. Pour elle, la vaccination ne constitue par une protection
absolue.
- Eu égard à la capacité de
transmission du virus, doivent être considérées comme fragiles les
personnes en contact avec des personnes ayant des contacts fréquents avec les personnes fragiles: les
personnels de soins, les personnes accompagnant les personnes fragiles.
- La politique de "foyers",
consistant à limiter les contacts de chacun à un petit nombre de personnes
identifiées, comme il est fait dans le milieu scolaire (groupement par
classe y compris les récréations, les repas...), a démontré que l'on peut
limiter l'effet de contaminations toujours possibles.
Propositions :
- La situation immunitaire (pas
seulement vaccinale) peut être attestée par un carnet de santé, ou mieux
par une utilisation adéquate du DMP, sur lequel le processus de
vaccination peut être noté et attesté: dates des injections, type de
vaccins, personne attestant l'injection. L'acquisition d'immunité
naturelle peut être attestée par le résultat d'un test sérologique, lui
aussi daté.
- Une personne non immunisée peut
être dans un état sanitaire lui permettant d'anticiper sereinement une
possible infection. Sur sa demande, un médecin peut lui proposer un
certificat semblable aux autorisations de pratique de sport. Un tel
certificat ne garantit pas que le patient se sortira d'une éventuelle
infection, mais atteste que le risque de complication, pour lui ou
éventuellement pour son entourage, est faible au regard de son état de
santé. Un tel certificat peut être inséré au DMP.
- A contrario, une personne en
état de fragilité sanitaire peut obtenir un certificat en ce sens,
prescrivant des précautions et des protections. De tels certificats sont
déjà couramment prescrits à des personnes présentant des fragilités
spécifiques (exemple: fragilités alimentaires, fragilité des tympans
excluant la plongée et l'exposition aux bruits intenses etc.).
- Toute personne peut aujourd'hui
demander un test de présence de virus (PCR ou antigénique). Un test
négatif démontre, avec une probabilité élevée, que la personne n'est pas
contaminante pendant quelques jours après le test.
- L'état sanitaire
découlant de tels certificats peut être rendu accessible via les moyens
numériques, sans révéler le détail de la situation de santé du patient.
L'état sanitaire est réputé valable pendant une période limitée dans le
temps.
- L'accès à des activités
sociales ordinaires (spectacles, musées, restaurants) pourrait être
réservé à des personnes présentant un état sanitaire adéquat: preuve
d'immunité (naturelle ou vaccinale), preuve de non-innocuité (absence de
virus dans un test récent), voire attestation de faible fragilité.
L'objectif est de limiter le risque d'un tel événement social sur le
nombre de cas graves.
- Le contact avec des personnes
fragiles pourrait être subordonné à un état sanitaire plus restreint.
L'immunisation naturelle ou vaccinale peut à bon droit être exigée de
professionnels effectuant des soins rapprochés. Le test PCR ou antigénique
négatif récent serait exigé des autres personnes. Des recommandations
seraient faites en ce qui concerne les contacts privés. Notez que les
familles font aujourd'hui beaucoup d'efforts pour protéger les plus
anciens, notamment en se testant avant de les visiter.
- Le CESE peut recommander aux
entreprises et lieux de travail de cloisonner au maximum les groupes
d'activité, de manière à limiter la taille d'un éventuel foyer épidémique
qui naîtrait en leur sein.
Conclusion
La mise en oeuvre d'un passeport
exclusivement vaccinal sera immanquablement contestée, car ce dispositif serait
une limitation de liberté qui ne s'appuierait pas sur des critères objectifs.
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